📚 Lire le monde autrement : 9 livres à découvrir cette semaine dans la bouquinerie Chapitre Deux
- natachaschueremans
 - 12 oct.
 - 3 min de lecture
 
Chaque semaine, de nouveaux livres rejoignent les étagères de la bouquinerie Chapitre Deux. Mais au-delà de leur simple disponibilité, ce sont des voix, des styles, des territoires littéraires que j’ai envie de mettre en lumière. Cette semaine, ce sont neuf ouvrages qui, chacun à leur manière, interrogent notre époque, nos silences, nos fractures. Et si on les lisait comme un tout, comme un paysage de la littérature contemporaine ?
L’Islande, territoire de fiction
Trois titres de cette sélection nous viennent d’Islande, pays de glace et de littérature. Avec Snjór, Reykjavik et Nátt, Ragnar Jónasson (parfois accompagné de Katrín Jakobsdóttir, Première ministre et autrice) nous plonge dans des récits où le silence est aussi dense que la neige, et où l’enquête devient un prétexte pour sonder les âmes.
Le polar islandais, souvent qualifié de “noir arctique”, se distingue par sa lenteur, son atmosphère feutrée, et sa capacité à faire du paysage un personnage à part entière. Ici, les crimes ne sont pas des énigmes à résoudre, mais des révélateurs de tensions sociales, de traumatismes collectifs, de solitude. Lire Jónasson, c’est accepter de se perdre dans la brume, de suivre des pistes qui mènent autant à l’intérieur des êtres qu’aux confins d’un territoire.
Thriller, polar, roman noir : des frontières poreuses
Le genre policier irrigue aussi d’autres titres de cette sélection, mais sous des formes variées. Le culte de Camilla Läckberg et Henrik Fexus s’inscrit dans la tradition du thriller scandinave, avec une intrigue haletante autour d’une secte et un duo d’enquêteurs atypique. L’enquête devient ici un jeu de pistes psychologique, où les traumatismes personnels se mêlent à l’horreur collective.
À l’opposé, L’enragé de Sorj Chalandon s’ancre dans le roman noir social. Inspiré d’un fait réel – l’évasion de 56 enfants d’un bagne en 1934 – il donne voix à l’un d’eux, jamais retrouvé. C’est une plongée dans la violence institutionnelle, la résilience, la rage. Un texte brut, tendu, qui interroge la justice et la mémoire.
Et puis il y a L’attentat de Yasmina Khadra, roman charnière dans cette sélection. À la croisée du drame psychologique, du thriller politique et du récit intime, il raconte l’histoire d’un chirurgien israélo-arabe confronté à l’impensable : sa femme s’est fait exploser dans un attentat. Dans un contexte géopolitique où les tensions israélo-palestiniennes restent vives, ce roman, publié il y a plus de quinze ans, résonne aujourd’hui avec une force renouvelée. Il interroge la radicalisation, l’amour, la trahison, mais aussi la manière dont on fabrique des ennemis.
Intime et politique : récits de soi, récits du monde
Enfin, trois romans viennent compléter cette sélection en explorant des territoires plus intimes, mais tout aussi politiques. Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea, prix Goncourt 2023, est une fresque lumineuse sur l’art, la liberté et l’amour, dans une Italie marquée par le fascisme. Chéri-chéri de Philippe Djian brouille les pistes entre autofiction et roman noir, en mettant en scène un écrivain travesti pris dans une spirale absurde et violente. Quant à Une vraie mère… ou presque de Didier Van Cauwelaert, il aborde avec humour les liens familiaux, les identités multiples et les petits arrangements avec la réalité.
Lire pour relier
Ce qui relie ces livres, c’est leur capacité à faire écho à notre époque, à travers des récits qui parlent de solitude, de mémoire, de violence, mais aussi d’amour, d’art et de résilience. Ils viennent d’Islande, de France, d’Algérie ou de Suède, mais tous posent la même question : comment vivre, aimer, résister dans un monde en tension ?
Je vous invite à les découvrir, à les faire dialoguer entre eux, à les faire résonner avec vos propres histoires.
— Natacha

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